HISTORIQUE
Soixante ans d’histoire
Depuis longtemps, la Congrégation des Sœurs des Saints-Coeurs, fondée en 1853, rêvait d’avoir un pied à terre à Tripoli qui servirait de relais pour les sœursmissionnaires se rendant aux Pays alaouites ou en revenant. Ce couvent serait à lamission de Syrie ce que laMaison centrale de Beyrouth était déjà auxmaisons du Liban.
Après nombre de démarches, le 19 mars 1945, au cours d’une cérémonie de vœux au Noviciat de Bikfaya, le nonce apostolique, Remi Leprêtre, communiqua aux sœurs réunies la permission d’acquérir une propriété à Mina. Celle-ci serait placée sous le patronage de Saint-Joseph, fêté ce jour-là. Relater toutes les phases de cette nouvelle implantation des Sœurs des Saints-Cœurs demanderait des volumes. Dans ce court article, nous nous attacherons donc à mettre en lumière quelques-uns des aspects de la genèse et de l’essor de cette œuvre.
Mina et Haïkalieh
Deux sites autonomes et un seul collège
En octobre 1945, l’école des Saints-Cœurs de Tripoli ouvrait ses portes. Celle-ci se résumait alors à l’humble maison des religieuses + deux pièces destinées à accueillir les élèves. Trois ans plus tard, les religieuses posaient la première pierre d’un établissement plus spacieux. Au cours des 20 années qui suivirent, le collège connut un essor impressionnant: on construisit un étage supplémentaire, on créa une chapelle, on ouvrit un pensionnat, on aménagea un théâtre, etc.
Le nombre d’élèves allait grandissant. Si bien que le site deMina finit par se révéler exigu. Un terrain fut donc acquis sur la colline de Haïkalieh. Un premier bâtiment fut construit pour recevoir le Secondaire qui y effectua sa rentrée en 1970. Le Complémentaire le rejoignait en 1972. La guerre de 1975 força le rapatriement de toutes les activités sur Mina et laissa les bâtiments de Haïkalieh exsangues après le passage de divers occupants. C’est seulement en 1993 que le collège réintégrait les locaux de Haïkalieh, où six salles de classes supplémentaires, destinées à accueillir le Grand primaire, furent édifiées.
En 1997, un édifice dédié à l’administration était adjoint à l’ensemble.
Depuis 2002, notre collège a mené une grande campagne de restauration et réaménagement. On a ainsi vu fleurir de vastes cours ornées de fresques à Mina, des salles polyvalentes; les théâtres de Mina et Haïkalieh ont été restaurés et mieux équipés, les salles d’informatique ont été rééquipées, le Centre de documentation et d’information a été réorganisé et enrichi, des bibliothèques de cycle, une chapelle, une salle musique/danse, etc. ont été créées.
Et la marche continue, quelles que soient les vicissitudes pour installer, embellir, afin de rendre les deux sites de notre collège plus fonctionnels, plus agréables, en somme davantage propices à l’étude et à la sérénité.
Mille deux cents élèves entre diversité et tolérance
A sa première rentrée, la petite école de Mina reçut 30 élèves de plus ou moins 8 ans, toutes issues de grandes familles. Quatre ans plus tard, le nombre d’enfants était multiplié par 10 (302 élèves à la rentrée de 1949). L’établissement s’ouvrait progressivement à de nouvelles activités: cours de couture et de coupe, de peinture, cours d’été pour les retardataires, introduction de deux heures hebdomadaires d’anglais à partir de la classe de 5ème, etc. Enfin, en 1951, le Secondaire débutait humblement avec quatre élèves en Seconde.
Lors de son 25e anniversaire, le collège avait multiplié sa population initiale par 30 (900 élèves en 1970). A travers flux et reflux, la marche se poursuit. Aujourd’hui, quelque 1200 élèves, filles et garçons, de tous bords et toutes allégeances fréquentent notre établissement.
Cultiver l’excellence et soutenir les plus faibles
Dès ses débuts, notre collège s’est attaché à amener les élèves à donner le meilleur d’elles-mêmes. Cette volonté d’exigence a rapidement porté ses fruits. Dans la foulée des premières élèves reçues aux certificats d’études français et libanais (c’était en 1950), au brevet (1951) et au bac français (1955), l’école s’est rapidement constitué un tableau d’honneur: nombre de 1ères places au Liban Nord lors des épreuves des brevets et bacs libanais (1980, 1982, 1983, 1991, 2003, 2004, 2005, 2006), un classement parmi les cinq ou six premières pour l’ensemble du territoire libanais lors de ces mêmes épreuves, un nombre impressionnant de lauréates nationales en français, arabe, anglais lors de divers concours organisés à l’échelle nationale y compris des places de premières. Cette volonté d’excellence n’a cependant jamais fait perdre de vue la nécessité de se préoccuper des élèves confrontées à des difficultés d’apprentissage. Dès 1954, des cours supplémentaires voire des cours d’été étaient proposés à celles qui peinaient.
Aujourd’hui, cette préoccupation demeure plus vivante que jamais. En 2008, des séances hebdomadaires d’aide ont été instituées en français. En 2009, des périodes d’aide en mathématiques s’y ajoutaient.
Ancrage dans le milieu tripolitain
Dès le départ, les soeurs veillèrent à ancrer leur école dans le milieu tripolitain. Outre le maintien de très bonnes relations avec les autorités civiles et religieuses de la ville, elles s’attachèrent à former leurs élèves à la solidarité avec leur environnement et à l’ouverture et au respect de l’autre dans ses différences.
Très tôt, on vit donc nos collégiennes organiser des collectes pour les pauvres, pour les familles sinistrées lors des inondations de 1955; on les vit s’impliquer aux côtés des religieuses pour "faire lamission" dans le Koura (Barsa, Dahr el Aïn); on les vit s’astreindre à des privations personnelles pour contribuer aux collectes. Parallèlement, les élèves prirent l’habitude de participer au développement de leur école, organisant tombolas, dîners, ventes de gâteaux, etc. pour financer divers projets ou alimenter la caisse de solidarité.
La France à nos côtés
Née deux ans après la fin du mandat français au Liban, notre établissement a entretenu et maintenu un lien étroit avec le centre culturel français.
A l’origine, celui-ci se traduisait par exemple par la visite mensuelle des classes par un conseiller pédagogique français; à l’occasion, la France a même pris en charge un poste de professeur de français. Cette collaboration n’a jamais cessé et a connu, au fil des ans, des formes très diverses: participation de nos professeurs aux sessions de formation de la Mission culturelle française à Beyrouth, Tripoli et en France; présentation au collège, de spectacles en français par des interprètes français (Les fourberies de Scapin ou le Dom Juan de Molière, par exemple); participation de nos élèves à divers concours, notamment la Dictée de Pivot (certaines de nos élèves ont été sélectionnées pour la finale libanaise de cette épreuve réputée); rencontres avec des auteurs français, etc. Et c’est encore le CCF et les formateurs pédagogiques qui, depuis 2004, accompagnent notre collège dans l’élaboration et le lancement de son Projet d’Etablissement. Ce soutien s’est traduit par des sessions de formation dispensées en France et au Liban, et se poursuit à travers des rencontres régulières avec des conseillers pédagogiques de la Mission culturelle française au Liban.
Une nouvelle ère
En réponse aux mutations sociales et aux défis de notre siècle, notre collège vit une profonde mutation. Pour contribuer efficacement à la construction de citoyens responsables et engagés et porteurs d’une vision d’avenir, le collège doit sans cesse s’adapter.
- A travers de nombreuses sessions de perfectionnement, les enseignants se sont formés à la pédagogie active en vue de rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages.
Par ailleurs, le recours aux nouvelles technologies est de plus en plus fréquent, à la fois dans les enseignements et dans les communications au sein de l’établissement.
- Du côté des élèves, on assiste à une floraison de projets en lien avec les programmes qui contribuent à l’indispensable ouverture de l’école sur le monde et incitent les apprenants à adopter une attitude active face au savoir et à priviléger les savoir-faire.
Cette nouvelle dynamique trouve sa source dans notre projet d’établissement, fil conducteur d’une stratégie éducative originale élaborée à partir des besoins du terrain et le nourrit en retour.